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OLIVIER ATHIMON, directeur général de la coopérative Unéal et du groupe Advitam « Nous allons nous renforcer sur nos métiers agricoles »

OLIVIER ATHIMON, directeur général de la coopérative Unéal et du groupe Advitam

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Arrivé en décembre 2023 à la direction générale du groupe Advitam et de sa coopérative mère, Unéal, dans les Hauts-de-France, Olivier Athimon a pu en saisir les forces dans la conjoncture climatique difficile qui a accompagné ses premières semaines. Fort de ces constats et riche de son parcours professionnel, il s’apprête à mettre en œuvre la nouvelle feuille de route travaillée avec les élus et les équipes et partagée lors d’une tournée des sites en juin.

Vous avez pris vos nouvelles fonctions à un moment compliqué. Comment l’avez-vous vécu ?

Mon arrivée, le 4 décembre, a en effet coïncidé avec une période d’inondations importantes qui ont affecté nos adhérents et aussi nos activités, notamment l’acheminement des céréales par canal jusqu’à Dunkerque. Cette situation exceptionnelle, qui a duré plusieurs semaines, a été exacerbée par une période d’instabilité économique due aux conditions climatiques, à l’inflation et à un incident de trading au sein de l’une de nos structures. Durant tous ces moments, j’ai pu réaliser le véritable potentiel de nos équipes à travers leur très forte mobilisation pour aider les adhérents et la coopérative. Cela m’a vraiment marqué.

Je suis content d’avoir franchi le pas en venant ici, car Advitam est un beau groupe coopératif avec des équipes très impliquées et je suis viscéralement attaché à ce modèle coopératif. De plus, je suis fasciné par le potentiel agricole des Hauts-de-France, son dynamisme, la performance et la polyvalence de ses cultures et de ses productions animales. Et j’ai été séduit par le discours du président et du comité de recrutement sur les enjeux et la possibilité de travailler sur une feuille de route et un cap pour Advitam.

Sur quelles bases êtes-vous parti pour élaborer cette nouvelle feuille de route ?

Je suis parti d’un premier constat : Advitam est un très beau groupe de 1,9 milliard d’euros de chiffre d’affaires au fort ancrage. Nous travaillons ainsi avec plus de 7 agriculteurs sur 10 dans le Nord et le Pas-de-Calais, cœur de notre territoire, et nous sommes le deuxième employeur du Pas-de-Calais, où se situe notre siège social. En céréales, notre groupe est le 5e producteur national avec 2,3 Mt et entretient des partenariats forts avec Exélience en semences, la centrale d’achat Inoxa, Cérémis en commercialisation des grains et Nord céréales sur le port de Dunkerque auquel nous tenons. En productions animales, nous nous développons avec d’excellents résultats techniques ; une vache laitière sur trois est ainsi nourrie par notre coopérative Unéal. D’autre part, nous avons la plus grosse concession Fendt de France, la 4e Claas et 80 % de part de marché en irrigation sur notre territoire, ainsi que plus de 140 magasins et jardineries.

Et ce, dans un contexte d’évolution réglementaire en phytos, d’évolution climatique avec, dans quelques années, 20 % d’eau en plus l’hiver et autant en moins l’été, et d’évolution technique avec l’agriculture de précision et la data.

Nous avons aussi bien sûr étudié les besoins de nos agriculteurs. Trois sujets les préoccupent principalement : la régénération des sols, la réglementation et son évolution, et le changement climatique.

Quelle orientation a alors été prise ?

Face à ces constats, la feuille de route, travaillée avec le conseil d’administration et les équipes, a été déclinée de façon à nous renforcer encore plus sur l’agriculture et l’accompagnement de nos agriculteurs, avec une trentaine de leviers de performance qui ont été chiffrés. Aujourd’hui, plus de 80 % de notre chiffre d’affaires est réalisé avec le pôle agricole. Cette part devrait progresser car nous allons y mettre plus de moyens et les évolutions en cours vont faire que le potentiel agricole sera plus élevé en Hauts-de-France.

Je crois fondamentalement que le sourcing en production agricole animale et végétale aura de plus en plus de valeur demain. Et les entreprises de transformation, qui ont monté des capacités importantes et se retrouvent face à un sourcing moins important, vont lui redonner plus de valeur qu’il y a un certain temps. Aussi, autant devenir un expert en sourcing en production avec un avantage concurrentiel grâce à nos agriculteurs, nos terres et nos rendements et aussi notre expertise technique. Nous avons véritablement une carte à jouer.

Pouvez-vous nous décrire les axes travaillés ?

Nous allons continuer de développer l’expertise de nos équipes, dont le savoir-faire est déjà reconnu par près de 8 adhérents sur 10 selon notre dernière enquête, afin d’apporter un accompagnement technique poussé et innovant qui va être déterminant demain. Et nous renforçons notre proximité terrain par un plan de recrutement de technico-commerciaux qui est en cours.

Seconde évolution que nous allons aussi mener : créer des synergies entre nos différents métiers. Ainsi, des économies importantes vont être réalisées en travaillant les synergies en matière de logistique entre notre coopérative Unéal et notre négoce Ternoveo, chaque entreprise gardant cependant sa propre force commerciale et ses propres offres afin de respecter le choix de nos agriculteurs.

Dans un troisième axe, nous allons nous préparer aux chocs exogènes de plus en plus forts (climat, volatilité des marchés…). Nous poursuivons alors nos partenariats en amont et aussi en aval. Sur notre territoire, trois industriels vont s’installer ou s’agrandir pour transformer 1,1 Mt de pommes de terre, soit le quart de la production des Hauts-de-France, première région productrice française au cœur d’une grande zone de consommation. Notre groupe est le premier producteur régional de pommes de terre et des contrats vont pouvoir être passés avec ces industriels. Ce qui peut contribuer à stabiliser les marges des producteurs et leur donner de la visibilité. Nous allons aussi nous inscrire dans un cadre vertueux de décarbonation et de production d’énergie en accompagnant nos agriculteurs dans des modèles où nous sécuriserons la valorisation des efforts et investissement menés. Et nous travaillons à développer de nouvelles cultures à l’image de la vigne avec Ternoveo depuis cinq ans ou les lentilles avec Unéal en partenariat avec Avril depuis l’an dernier, l’évolution du climat nous étant plutôt favorable dans ce sens.

De quelle façon apportez-vous votre touche personnelle ?

Mes expériences professionnelles m’ont amené à travailler au développement de mise en place de filières vertueuses créatrices de valeurs à tous les maillons de la chaîne. C’est une valeur ajoutée nécessaire à la pérennisation d’une filière. Tout comme j’ai une forte croyance dans les hommes et les femmes avec un cheval de bataille : animer et faire grandir les équipes. Nous avons écrit le nouveau projet d’entreprise d’Advitam avec les équipes et ce projet se construira avec ces équipes qui sont remarquables d’implication et de technicité.

Il reste donc à embarquer tout le monde ?

La feuille de route est finalisée et validée par le conseil d’administration. Avec notre président Armel Lesaffre, nous avons impulsé la mise en place d’une mission « vie coopérative » qui va participer, entre autres, à son déploiement. Pour ma part, j’ai été très présent sur le terrain en juin afin de l’expliquer à nos collaborateurs en allant sur les sites et aux élus lors des réunions de région. Cette feuille de route est un élément fort et engageant et il est essentiel d’embarquer les élus, les agriculteurs et toutes les équipes d’Advitam à la même vitesse et avec le même enthousiasme.

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